PARKINSON : UNE NOUVELLE PISTE THERAPEUTIQUE

Publié le par BUREAU

Parkinson : une nouvelle piste thérapeutique 
Le Figaro  12 Juin 2007 

Un médicament banal de l ' hypertension pourrait ralentir la progression de la maladie . 

Le Professeur James Surmeier , qui exerce à la Northwestern University de Chicago , est depuis plusieurs années le champion d ' une nouvelle théorie qui expliquerait complètement comment les neurones meurent dans le cerveau des malades parkinsoniens , et surtout comment empecher cette progression . Il a publié dimanche , dans Nature , un article qui fait le point sur cette étrange maladie . Depuis un demi-siècle , on sait que les neurones producteurs de dopamine ( un neurotransmetteur ) dans une zone profonde de la substance noire , au milieu du cerveau , meurent progressivement . C ' est le manque en dopamine qui est responsable des symptomes moteurs dont les malades sont victimes . Mais pourquoi ces neurones meurent-ils ? On a accusé les mitochondries ( ces usines de la respiration des cellules ) , l ' accumulation des radicaux libres , les gènes . Mais les études génétiques des formes familiales de la maladie n ' ont pas permis de trouver des mutations génétiques dans les cellules à dopamine touchées par la maladie commune . La perte de la dopamine n ' étant qu ' un symptome de la maladie des neurones dopaminergiques , quel en est le secret mécanisme ? 

D ' autres canaux ioniques 

Travaillant chez la souris , James Surmeier , qui avait précédemment établi que la production de dopamine par les neurones se fait grace à un 
" pacemaker " autonome , a d ' abord démontré que cette activité est controlée par des canaux ioniques spécifiques dans la membrane . Ceux-ci controlent l ' entrée et la sortie de l ' ion Calcium . Or , un des facteurs importants de la mort cellulaire de ces neurones c ' est justement l ' irruption massive de calcium intracellulaire , qui étouffe peu à peu la cellule en arretant la production de protéines . C ' est un cercle vicieux : le pacemaker a besoin de calcium pour fonctionner , mais trop de calcium finit par stopper le pacemaker . 

Et si , s ' est demandé James Surmeier , on parvenait à faire fonctionner la cellule grace à d ' autres canaux ioniques , qui règlent l ' entrée du sodium ? Sur des coupes du cerveau de souris maintenues en survie , l ' équipe de Chicago a fait agir un agent qui bloque spécifiquement les canaux calciques 
( de l ' israpidine ) , tout en mesurant l ' activité électrique des neurones . Au bout de 30 minutes de ce traitement , les neurones dopaminergiques sont réduits au silence électrique complet . 

Mais , stupéfaction : environ une heure après ce blocage , des pics d ' activité électrique autonome , irréguliers , sont détectés dans plusieurs neurones . Et après plusieurs heures , presque tous les neurones ont retrouvé une activité 
" pacemaker " normale tant en fréquence qu ' en régularité . Sauf que ce sont désormais les pompes à sodium et non plus les canaux calciques qui sont à l ' origine de cette activité électrique . " C ' est un exemple fascinant de plasticité" du vivant , écrit James Surmeier . 

Poursuivant son investigation , le chercheur a ensuite soumis les tranches de cerveau à un pesticide , la rotenone , qui provoque expérimentalement la mort des neurones du Parkinson . Mais il avait " protégé " préalablement les spécimens avec l ' agent anticalcique qui les " rajeunit " . Avec des résultats très encourageants . Un essai clinique humain avec ce banal antihypertenseur devrait bientot démarrer aux Etats-Unis sur 100 parkinsoniens .
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